Petite histoire du projet

Ce projet naît d’une commande de l'Archive d'Ethnographie et Histoire Sociale de la Région Lombardia, en collaboration avec un groupe de documentaristes qui travaille sur un projet parallèle, sur la thématique 'pratiques sauvages contemporaines: la forêt et la culture alimentaire en Valtellina'.
L'idée de fond était de développer une réflexion autour de la relation entre l'élément humain et l'environnement alpin, en utilisant le media de l'animation en juxtaposition à celui du documentaire.
Le sujet de la montagne me passionne depuis des années, ce qui m’a amenée à rejoindre ce projet avec une grande motivation.
Cependant, le thème du rapport entre homme et nature est très délicat à traiter. Le risque est de conclure rapidement sur des morales naïves, qui dépeignent ponctuellement la nature comme élément positif et l'homme comme élément destructeur. Mon objectif était de proposer un point de vue moins simpliste, plus nuancé, tout en restant proche de mon ressenti personnel, à la fois charmée par la montagne et profondément enracinée dans la routine urbaine.
Dans la littérature anthropologique, le chercheur et essayiste Philippe Descola a analysé le concept de 'paysage' en tant que création culturelle, profondément influencée par la peinture paysagiste occidentale. Il conclut qu’il y a une tendance à créer des images archétypées de certains endroits - dont, évidemment, la montagne - qui nous influencent énormément dans notre perception de la 'nature' et de l'environnement'.
Cette idée m'a intriguée et dérangée intimement: cette passion pour la montagne, ne serait-elle pas complètement déconnectée de la réalité? Est-ce que ce désir pour les grands espaces, pour la majesté des sommets et pour une vie plus simple et pure serait seulement une énorme illusion, nourrie par des siècles de littérature et de peinture sur le sujet?
Ces merveilleuses montagnes, ne seraient-elles pas en train de se vider complètement de la présence humaine à cause des multiples difficultés, pendant que des générations urbaines et aisées rêvent justement de cette vie qu’ils ne connaissent pas vraiment? Et malgré tout, ce désir d'évasion et cette sensation d'étouffement restent sincères et pressants.
Je souhaitais donc raconter cette contradiction, que je trouve extrêmement actuelle, et déconstruire une conception répandue, tout en laissant aux spectateurs la liberté de formuler ses propres conclusions.


(ENG version coming soon)

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